Les Français, pour l’instant, refusent d’avoir peur face au terrorisme. Au contraire de la division que Daech essaie de créer entre eux, ils continuent de montrer une union somme toute solide et une résistance fière. Crânement, ils acceptent de continuer de vivre avec. Curieusement, il en est tout autrement devant les défis sociaux et économiques qui, eux aussi, viennent bouleverser les façons de vivre.
Le terrorisme force à l’adaptation, l’économie n’y parvient pas. Les manifestations contre la réforme du Code du travail montrent, après toutes les autres depuis vingt ans, un refus de voir la «violence économique» telle qu’elle est, le chômage plus élevé que chez nos voisins et la bipolarisation du marché du travail entre «in» et «out». Le modèle français est cassé mais il faut vivre comme si l’on pouvait et devait revenir à l’époque d’avant. Le terrorisme ne terrorise pas les Français, l’avenir économique si.
L’explication de cette différence vient de la pédagogie politique. Le terrorisme tue depuis déjà quinze ans, depuis les tours de Manhattan mais le pouvoir ne cache pas que «cela va durer encore longtemps». Il certifie: «nous gagnerons la guerre». Et, si beaucoup critiquent les moyens ou les manques de tel ou tel pays, personne ne doute qu’en effet la guerre finira par être gagnée aussi bien ici que là-bas, au Moyen-Orient. En tout cas, le futur violent est admis et éclairé.